Nishat 311

Qu’as-tu fait de ton démon

Je l’ai revêtu de musique

Comment s’est-il rebellé

En me perçant de mille discordances

et je les ai reçues comme les beautés

immenses métisses qu’elles sont

Aucune musique ne nous est étrangère

Drapons-nous de clusters de micro-intervalles

de bruits de sous-bois d’ailes de papillons

d’hourragans jupitériens hourrah à toutes

ces belles qui nous augmenteront

AP

( 26 juin 2021 )

Nishat 310

Le premier jour où une main s’est posée

sur ton épaule bien sûr tu l’as oublié

puisque ce n’était pas le premier jour

mais le souvenir d’un jour indicible

Un souffle passe entre les saules

comme sur une peinture encore fraîche

AP

( 25 juin 2021 )

Nishat 306

Le grand clair de lune est fertile il baigne

mollement cocotier cannelier il dissout

de sa grâce les effluves du jasmin de nuit

( on en tomberait dans des bras mortifères )

Ce n’est rien pourtant qu’un renvoi de lumière

qu’on a féminisé va savoir pourquoi

AP

3 juin 2021

Nishat 305

Sur la grande prairie l’éternelle parsemée

de bétail calleux planent nos mères

portant nos rêves de westerns de marilyns

de bandes dessinées en noir et blanc

Nos mères préfèrent les éclairs au café

et les cigarettes mentholées une fois l’an

Toutes les mères qu’on a aimées

sont des paysages de Rachmaninov

AP

( 31 mai 2021 )

Nishat 304

Jeunesse est la douceur l’excès

jusqu’à son bord coupant

Chevaux dromadaires nous emportent

à ce qu’on bouscule du coude du poing

caressant les joncs des obstacles d’eau

et le nez levé à une hirondelle

Tout le corps est enveloppe

L’air des cimes a goût de schiste

AP

( 21 mai 2021 )

Nishat 303

Lumière sur l’herbe et combien sur le givre

Nos animaux l’hermine d’été la salamandre

le vautour fauve porté par les ascendants

comme nous au fond sans idée ni rien

Peu aptes à penser la nature comme être

ce qu’elle est pourtant sans nous complaire

Quel mérite pour nous à la fin des fins

AP

( 14 mai 2021 )

Nishat 302

La forêt tropicale n’est pas notre amie

Elle nous toise de ses essences rares

chargées d’oiseaux de carabes de termites

invincibles de mousses d’orchidées épiphytes

Araignes immenses profondes racines

Comme elle n’est pas amie nous la vénérons

C’est bien assez que la pente des eaux

suive celle de nos rêves

AP

( 11 mai 2021 )