Monts et mers dans l’aube tout bleuit
Sur les citrons la lumière par surcroît
Grands débats sur l’être l’existence
comme on ferait entre jardiniers
Et voilà que la lumière grandit
Alain PRAUD
(31 octobre 2020)
Monts et mers dans l’aube tout bleuit
Sur les citrons la lumière par surcroît
Grands débats sur l’être l’existence
comme on ferait entre jardiniers
Et voilà que la lumière grandit
Alain PRAUD
(31 octobre 2020)
Nous nous mettrons du côté de l’être
et des feuillages ajourés qui se jouent
des vents, et des poissons bariolés
peuplant le corail innombrable
L’avons-nous choisi pas vraiment
C’est notre côté voilà
Alain PRAUD
(30 octobre)
Anémones au miroir noir
Le col des fleurs s’incline et sombre
entre sens et absence ( le noir
dense sans épaisseur ni ombre )
Et la vertu noyée de nuit
interroge Frère que dis-tu là
Le devoir est comme rubis dans l’ombre
sa beauté ne dit rien d’elle-même
quelque chose du destin du monde
Le devoir s’est incorporé les mains ouvertes
comme pour prier mais personne
et pourquoi faut-il que rayonne
sur le miroir des anémones
un geste aussi universel
Le jour prolonge la nuit
sans jamais lui faire injure
Alain PRAUD
(25 octobre 2020)
Voués dès l’enfance à la musique bonne
( celle qui augmente et cimente, la jointive)
A la musique vraiment pensée joinstuite
il semble qu’on ne peut en conscience résister
Et c’est un autre secret du monde
Alain PRAUD
On se souvient de ces automnes
Le sous-bois odorant bruissant sous le pas
Telle douceur que tout lâche prise
et que les arbres semblent discourir
( notre bien-être venu de l’entretien infini
de ces autres êtres si fraternels )
Très haut le ciel, déclin et envol du temps
Alain PRAUD
(4 octobre 2020)
Debout sur cette digue au bord des nuages
un regard sur ce qui nous a été donné
Rien ne préside à notre vouloir quand
cet orage abat ce verger non cet autre
D’échec en échec la parole va
son chemin d’ordre et de ténèbre
Alain PRAUD
Nishat 260
« Que m’importe votre sacré violon quand l’esprit souffle en moi ! »
Il s’agit du terrible finale prestissimo du 3e quatuor op. 59 Razumovski, et celui qui est envoyé dans les cordes est le premier violon du quatuor d’un prince (mais que le public appelle Quatuor Beethoven). Le pauvre Schuppanzigh s’en est remis sans doute, puisque jusqu’à la fin, et des difficultés himalayennes pour un quatuor, il jouera fidèlement tous ceux du maître.
Cette évocation sera brève, mais j’ai voulu l’attaquer par la face la plus abrupte. Il y a d’autres génies bien sûr, mais Beethoven c’est la face nord, la tibétaine, du Qomolungma. Déjà il faut une liasse d’accréditations pour accéder à cet homme impossible, mais il se peut qu’en votre présence il ne dise plus rien, prétextant sa surdité. Ou alors sur votre bonne mine il vous laisse jouer un peu sur son pianoforte, et vous êtes son ami pour la vie. A trente ans il découvre les atteintes de la surdité, dix ans plus tard alors qu’il compose des chefs-d’oeuvre il comprend qu’elle est incurable. Alors il lui arrivera de lancer son chausse-bottes contre les murs dans l’espoir d’entendre un son. Et certains qui l’ont entendu hurler des thèmes de la Neuvième en sont restés médusés.
Il n’est pas le génie solitaire et livré à la foudre que le romantisme a construit et que le XXe siècle a caricaturé (ma professeure de violon Yarka Novacek baissait la voix quand elle citait son nom) (et avec le Cercle musical saintais qu’elle avait fondé elle jouait intrépidement tous les quatuors du maître,avec ici un pharmacien, là un cheminot)…Dès mon enfance pourtant ouvrière j’ai donc entendu parler de Beethoven comme d’un dieu encore vivant, un concurrent du Christ. Et puis Yarka nous a emmenés ses élèves préférés (3) assister aux concours de violon du Conservatoire de Bordeaux. Et nous avons vu le ciel ouvert. En classe d’Excellence il n’y avait que trois candidats, et c’était l’allegro initial du Concerto de Beethoven. Un des trois s’est imposé d’emblée, et j’ai entendu un chef-d’oeuvre absolu du violon. Pour bien jouer ce concerto (pour le jouer, plutôt) il faut être un oiseau ou un ange car tout se joue dans l’aigu avec une sérénité d’asymptote. Actuellement selon moi c’est Hilary Hahn.
Le célèbre Kreutzer de la sonate pour piano et violon à lui dédiée ne l’a jamais jouée pour diverses raisons que je résume en pusillanimité. Comme avant lui Bach et plus tard bien d’autres Beethoven se soucie peu de ses interprètes, l’esprit souffle, ils n’ont qu’à suivre le mouvement. Et cependant quand il s’agit de nous autres humbles choristes il semble qu’il en aille autrement. Car dans la Messe en ut de 1808, seulement sa deuxième oeuvre sacrée depuis l’oratorio Le Christ au Jardin des Oliviers qu’à la vérité on ne joue jamais, il fait en sorte que tout soit chantable, au prix d’une attention de tous les instants. Parce que chanter cela c’est lire la piste en temps réel, sans copilote. A cette époque Ludwig est patronné par un de ces princes impériaux, voire russes, qui accompagnent son destin, les Lichnowski, Galitzine; Esterhazy (la même famille qui avait « provoqué » la symphonie « Les adieux » du maître et papa Haydn), Razumovski…Ce carcan lui pèse au point que sur un coup de tête il se séparera d’un de ces protecteurs, et d’une pension royale. Mais il a tout appris de Haydn, de Salieri, et le contrepoint avec Albrechtsberger. Alors il sait comment ménager un choeur comme nous, et c’est un bonheur constant.
Nous célébrons les 250 ans de Beethoven, comme de ces autres génies allemands que sont Hölderlin et Hegel, alignement des astres. En vérité nous avons manqué ne rien célébrer du tout, si nous le faisons quand même c’est en voilure réduite, sans l’orchestre, choeur réduit de moitié, accompagnement de piano. Et il aura fallu les dents de Daniel Bargier (de Beethoven donc) pour que la chose soit possible, avec le concours de Philippe Hoarau dans la sonate Pathétique, autre chef-d’oeuvre. Mais ce furieux de Ludwig savait aussi rire et remercier. Venez sans crainte et nombreux.
Alain PRAUD
Le bleu plissé remuant de l’océan
incite à la pensée mais sans la permettre
La tendresse parfois électrique des greens
commente plus âprement ce ciel traversé
d’oiseaux moqueurs vrais philosophes
et peintres accomplis par surcroît
Alain PRAUD
(25 septembre 2020)
Le sol et le ciel et l’air et le feu
et la mer inlassable sans vent
Chacun devient un Centaure mourant
sous un ciel chaque soir incendié
Quand des oiseaux en nombre mesuré
sans prédateurs propagent la légende
d’un monde parfait là-bas au loin
Alain PRAUD
(22 septembre 2020)
Et comme on balance entre fièvre et fraîcheur
( ce sont peut-être les mêmes anges )
On voudrait dire ignorez-moi mais trop tard
Au terme du somme une pente d’herbe
sources ruisseaux partout presque rien
( tout alentour des visages sourient )
Sans autre préavis ce monde s’éteint
Alain PRAUD
(20 septembre 2020)