Li Bai (701 – 762 env.) : Ecoutant un moine du pays de Shu pincer la cithare

Un moine de Shu, serrant contre lui sa précieuse cithare,
Est descendu de l’ouest, du mont Emei.
Pour moi seul il consent à toucher l’instrument ;
J’entends bruire les pins de mille et un ravins.
L’eau qui court purifie le coeur du voyageur ;
L’écho fait résonner le bourdon pris de givre.
On ne sent pas le soir tomber des monts de jade
Ni le ciel bas et lourd de nuages d’automne.

(Traduction : Alain PRAUD)

* Le qin (ch’in) est une cithare à 5 ou 7 cordes dont on joue horizontalement. L’instrument n’est mentionné que dans le titre ; le reste du poème procède par allusions et connotations.
* Comme la plupart des poèmes de Li Bai (Li Bo, Li Po, Li Tai Po), et il en a laissé un bon millier, celui-ci est en vers pentasyllabiques. En français l’alexandrin est à peine suffisant, encore ne rend-il pas compte de toutes les nuances.
D’autre part il est impossible, sans nuire gravement au sens, de transposer la rime des vers 4, 6 et 8 : song (les pins), zhong (les cloches musicales), chong (épais, pesant : plusieurs couches de nuages). « Bourdon » ne rend que très imparfaitement le carillon de cloches tubulaires en bronze, instrument bien plus ancien que la cithare, et qui, fixant les hauteurs de la gamme pentatonique, concourt à l’harmonie universelle (le nombre cinq = les 4 orients + le centre).

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