Comme on voit sur la scène un acteur imparfait
que le trac a rendu étranger à son rôle,
ou quelque furieux infatué de rage
qui de trop d’énergie amenuise son coeur ;
Ainsi faute de foi j’avoue que ne sais dire
la haute lice du rituel amoureux ;
semble que de l’amour la force se dérobe,
accablé sous le faix d’un éros insatiable.
O c’est bien à vous mes livres, cette éloquence,
devins muets de mes souffles diserts ;
qui plaidez pour l’amour, et voulez récompense
au-delà de ces mots que ma langue a su dire.
Apprendre à lire, toi, l’amour silencieux :
l’amour a cet esprit d’entendre avec nos yeux.
(traduction : Alain PRAUD)
(A la différence de Philippe de Rothschild, admirable traducteur avant moi de cette poésie (Poèmes élisabéthains, Seghers, 1969), j’ai renoncé à tout espoir de rimes pour privilégier le mètre, ici en français l’alexandrin, autant que faire se pouvait. On prendra en considération les diérèses alors obligées ; et le fait que le participe « accablé » (v.8) s’accorde avec « l’amour » du v.7)
« Silencieux » n’est jamais aussi beau qu’avec la diérèse !
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