Le bleu surgit le bleu nous tue et il nous
manque déjà moins bleu à l’oeil
lessivé de principes d’habitudes d’oxygène
natif pour ainsi dire :
(nous avançons dans l’aube transparente
où nous a conviés le devoir de nommer)
Les formes les dragons les êtres transitoires
viennent de la lumière, y retournent
sans un regard pour qui les a vus
cependant, ce feu qui nous rassemble
Mais on regarde ailleurs comme les visages
de Piero della Francesca ce bleu qui nous
badigeonne le fond d’oeil (voyez un peu)
et par où consentir au cadre ?
Nous sommes du bout des mondes
nous avons assemblé dans nos mains malhabiles
les parfums le verre brisé des flacons
tant que les paumes nous en saignent
tous les visages nous sont être-anges
avançons droit dans le bleu comme oiseaux
lyres (perdus, non bagués) avec l’entêtement
des figures sans traits
et précautions, légères, d’aveugle-né
dans le doux inorganique
(un corps de peau d’agnelle)
Alain PRAUD