pour Alaric
collationné dans le jour réticent
on laisse sa main sous une eau fraîche
l’objet s’énonce
tenaille son grain
(l’opération de se chausser
quand on a tué même en rêve)dans la poudre de l’autre sommeil
le luxe l’oeuvre s’entrechoquent(2-X)
s’asseoir au bord d’une eau dormante
contempler au loin les amis disparus
frais benzène du soirarc incandescent. silence
d’un pays sans éléments de payspas trop massifs les caractères que je
ne m’entende pas crier le menton dans la main(17-X)
comme eux les amis descendant les fleuves
démâtés impassibles de tant de métaux
séparésassis dans la cuisine on prépare les viandes
un verre lourd au bord de la table
on s’inquiète des haiesles femmes bruissent dans leurs robes
on partira demain vers eux les enfants
les amis impassibles peints comme à l’huile(17-X)
quand nous heurtions du pied notre corps
les paupières grésillantes héros
et jeunes fougue chiens fourrures(ainsi l’acteur souffle sur la vitre
entre nous omettant de prévenir)on leur jetait au visage un vent d’échardes
et qu’ils nous ignorent nous sachantce vin sec a glacé nos verres
aveugles sans retour nous ponçons(18-X)
toute force est dans la fêlure
de part et d’autrela trace vient de l’arrière des yeux
on se surprend à écouter les premiers coqs
sous le grondement d’un avion très rapidetoutes les fois qu’on palpe ce liège
la couleur nos doigts s’effritent
quelle autre proposition que toi(18-X)
barque de pierre sur un lac
ou dans un cimetière d’aconits
très tôt un livre à la main
les membres gourds faute de caféchahut d’oiseaux après la sapinière
le coeur serre plus fort à l’ombreces livres enfouis avant ta venue
là sous l’herbe (cinq cents mots
pour dire mon sentiment) et forcé
d’entendre la rumeur des massacres(20-X)
après une nuit de vent comment vivre
et serrer la main distraite des passants
le coeur le foie ailleursun peu ivre et la main retournée
un ami parlait de sa solitude
massif devant l’âtre de la rudesse
des femmes l’air sculpté autour de luicomparant l’allure de nos travaux
assis de part et d’autre de ce qu’on dit réel
comme il y a de la coupe aux lèvres
quel inconfort de bancurinant un à un dehors sur l’herbe froide
tout à loisir considérer les bois la lune
on a dévoré le civet le vieux chien
n’en a cure on l’emporte comme Anchisesous l’ampoule de la place des chasseurs
un moment réunis s’invectivaient dans une
langue nonpareille(26-X)
les yeux brûlants sous un ciel de serge
actif désuni la source des pleurs
tarie résurgenteon portera du bois gravira des marches
peuplées de porcelets vifs tachetéson demandera encore une fois
parmi des bassines son chemin(29-X)
vertu des eaux
elles ne rompent pas de lancess’y lissent butées et ongles
caresse de nerfs la pensée
chemine dans sa gaine
ainsi parfois(30-X)
dans une rue lavée de vent gris
de souffle d’âne nous avançons
toi et moi mains tendues de sommeille dire est déjà trébucher
des agrès des lacs pendent duveteux
au bout du siècle nous saurons tout
de nos retours ayant lâché
pour la langue entre nous la vie même(13-XI)
on nous a exclus de la roue cynique
je veux ranger mes papiers devant toi
te laisser basculer mes livresce qui grouille dehors c’est nos ventres
la nuit commune des cuirsensemble avec toi sur le quai
agitant les mains mais en veste
la langue brûle entre tes dents
enfin seule(13-XI)
(première publication, sous une forme peu différente : Digraphe 45 , septembre 1988 , Mercure de France)
Alain PRAUD