Sutra de la trace ( Office des ardens , 2 )

                                                           pour  Aude  G.

Quand on a franchi le bord de certains pays
Et que la lumière distribue à son gré les plans
Comme des passions  –  noires, cardinales  –
Chaque mot pesé ou non creuse l’air

( Si ténu lui que c’est pour une fois comme
   De l’âme ou de l’enfance à portée )

Egaré sa voix dans un grand vent
De bois léger flotté d’écume vacillante
Sous un ciel de chevaux échappés brinquebalant
D’or et qui gifle –  une langue à jamais étrangère
Se parle en nous comme là-bas, loin
Alors tout devient impartial : les dieux habitent la douceur
Nous l’étroitesse, la commissure

Rien d’échafaudé n’en échappe c’est par mégarde
Et sans mandat du ciel qu’on s’est aventuré
Dans le manque cherchant un objet minuscule
Entre les pieds des autres promeneurs  (sans doute il faut
Que toute chose soit nommée – et pas d’alentour ou de peu)

Avec les lacets la forme du coeur change
Versé ruiniforme on procède sous l’ombre étroite
A mots réduits  –  se départir est hors d’atteinte  –
On se retourne à peine et pourquoi le faire
Qui nous suivrait

Du plus profond de ces limbes s’écoulent
Entre fûts et fougères des couleurs silencieuses
Barque de pierre amarrée on la contourne
Pour aller plus haut, où ça s’évertue  –  brume
Dense qui refroidit toute la machine  –
( La narration plane du ciel reprend
Alors sur l’espèce de silence contraint
A l’aparté jusque-là, qu’elle rebrode )

Ou le dos étincelant des choses ravive
En nous des récits étourdis des héros
D’ambre de pain brûlé tout ce vent qui occupe
Les lieux d’où nous venons ces nuits sans lumière
Aucune quand ayant progressé jusqu’au bord
On est comme trébuchant en soi

Cette simple chose en effet de dire que nous sommes
Sous les nuages, et cette vitesse des nuages sur le
Velours moutarde véronèse des collines :
Vide et pleine inaboutie émanée des morts
Comme à regret (avec larmes)  os familier
Sous la chair rebelle la beauté a tourné vers nous
Ce peu d’eau de ciel de poussière le contour
De soi qui pâlit s’efface

Alain PRAUD

Un commentaire sur “Sutra de la trace ( Office des ardens , 2 )

  1. On dirait une quête, solitaire, éperdue, un peu vaine comme toutes les quêtes, mais vertigineuse et pleine de brume : de soi, de l’identité ?

    « … ces nuits sans lumière
    Aucune quand ayant progressé jusqu’au bord
    On est comme trébuchant en soi… »

    « …On se retourne à peine et pourquoi le faire
    Qui nous suivrait… »

    « … c’est par mégarde
    Et sans mandat du ciel qu’on s’est aventuré
    Dans le manque … »

    J’aime bien regarder le tableau en en isolant de petits morceaux qui sont comme autant de petits tableaux dans le tableau.

    A plus, en forme pour occuper la horde !
    Lod

    J’aime

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