pour Elodie B.
Une faim d’images nous dévore (un choeur
D’images crie en nous volette en nous) au point
Que tenter de les contenir serait comme
Eponger la mer astéries coraux oursins
Vivants ocre rouge bistre violet profond Un
Chaos dangereux mouvant : voir notre vie
Notre sang par une fente imprononçableArrosée de soleil criblée de visages
On ne peut plus humains sous la pluie de feu :
Quelque chose tapie dans l’encre derrière
La clôture des mots va nous sauter
A la gorge , ramassée pourtant dans un drap
Cardinalice avec de forts aplats des trans
Parences suaves de feuille de roseUn peu de nos frontières intimes ici
Exposé – avec cela le geste large , protecteur
Mais c’est inutile et le fut toujours (on tremble
Seul assis pour soi pour des viscères pour l’inté
Grité du monde)Tout un monde doré de sable astringent
De passions combustibles : permanence du ciel
Rétine enflammée , inconfort général – le visage
De la beauté est-il donc insupportable qui passe
Si vite Como una ola de fuerza y luz Comme
Une lame étincelante
(une âme coupée en deux)
Toute notre vie, ainsi, en habit de lumière
Dévorante jamais assagie à grande aile de moire
Framboisée de velours magenta claquant au vent
Brûlant de l’histoire – une foule d’aïeux
En pantalons garance jetée dans le berceau des cornesEn trois minutes la fémorale tue
Rouge Toute une vie d’étoffes de peau retournée
Chastes muqueuses (les couleurs de la bouche selon Francis
Bacon) haut lieu de beaux discours
Enfilés comme perles broderies soutaches
D’or et d’argent comme sont nos paroles
D’amour et de mort le sang de nos actes
Leur contingenceNous nous tenons sur le franc-bord en danseuse
Dans la lumière crue de fin d’après-midi
Univers rond semé de bouches de femmes ouvertes
En hommage d’oeillets mystiques d’anneaux
Parfumés Que tombe la moire des nuits
Ceci est notre sang pour l’amour de vous
Des jasmins des fontaines Et la lave qui court
A la mer n’est pas plus prompte que notre désirLa bête a bondi de sa nuit avec un doux nom
D’enfant mutin d’oiseau de bayadère
L’étendard du destin claque pour l’accueillir
On a éventré un magasin de soieries
A contre-ciel
Voici notre sang C’est le geste qui compte
Alain PRAUD
Oui, décidément, je l’aime beaucoup, celui-là, comme un tableau vif et violent, plein de couleurs, matières, images, formes mouvantes, un de ces tableaux durant lesquels je peux rêver des heures mais que je ne sais pas faire (quand on aime le vitrail, on a un peu de mal à déborder de la ligne pour laisser fuser le trait…)
Bises
Lod
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