nous aurons aperçu la saison profonde
où le presque vide se parle sans nous
une langue infiniment impartialesans ornement ni couleur que nos rêves
(un froissement continu de fond de forêt)
nous aurons oublié ce que nous venons faire
ici demain plus loin à jamais ailleurs
toujours là sans limite sans frein
sans épaisseur à ce qui nous ignore(ce qui nous ignore est sans prix)
l’impensé l’inaccueillant le dépeuplé de nous
bouleversé de sa quiétude rayonnant
sur nous sa rumeur exotique libérale
de faux déserts de fleurs factices
bruissant d’absolus toujours différésnous aurons laissé dans notre ombre les maux
inguérissables la fracture des seuils l’interdit
prononcé contre le bien commun la tiédeur
meurtrière – emportant avec nous les fruits
de notre savoir : liniments , tabliers de nourrices ,
chaufferettes de musée , miroirs vénitiens ,laques , marbres , mozarts , vergers millénaires
lestés de nos biens et de notre bonté
là où demain toujours plus loin jamais
en repos sans borne ni matière devant
que rumeur rayonnante elle-même partout
rayonnant raréfiée ineffable amour
épandu partout infiniment ignorant
infiniment équanimenous aurons inventé toute une saison
de temps sans orient de gant retourné
pour nul autre que nous (qui est-ce)nous saurons dire (à qui) cela seulement :
cela est
(cela seulement)
cela
(février 2000)
(pour davantage d’éclaircissements : sites du jet propulsion laboratory (jpl) et de la nasa (ils sont liés))
(la Mission Magellan a établi, entre 1989 et 1994, une cartographie de Vénus selon différents paramètres)
(le poème a été exposé un mois en 2002)
Alain PRAUD